Bourseul Charles


Charles Bourseul est un inventeur français né à Bruxelles le 28 avril 1829 et décédé le 23 novembre 1912 à Saint-Céré (Lot).

Il est le fils d’un capitaine d’état-major, adjoint à l’attaché militaire auprès de l’ambassade de France à Bruxelles, qui a élu domicile à Douai. Après avoir été élève d’une école privée, le jeune Charles entre au lycée de la ville, dont il sort quelques années plus tard bachelier ès-sciences. A 19 ans, il s’engage dans l’armée et prend part à plusieurs campagnes en Afrique.

En 1853, il entre comme sous stationnaire dans l’administration des Lignes Télégraphiques. Il publie un mémoire sur la Puissance de la chaleur, théorème sur le travail fourni par la chaleur, application à la mesure de la compressibilité des corps et à la détermination des trois états.

En 1854, il présente dans un rapport un nouveau concept : un appareil pour converser à distance. Son idée n’est pas prise au sérieux par ses supérieurs et son chef hiérarchique lui recommande de se consacrer entièrement à son emploi de télégraphiste. Il n’a d’ailleurs pas les moyens matériels de réaliser son invention. Il prend toutefois la précaution de publier une communication : « Transmission électrique de la parole » dans L’Illustration du 26 août 1854 : «Imaginez que l’on parle près d’une plaque mobile, assez flexible pour ne perdre aucune des vibrations produites par la voix, que cette plaque établisse et interrompe successivement sa communication avec une pile : vous pourrez avoir à distance une autre plaque qui exécutera en même temps les mêmes vibrations».
Il reprend ses travaux dès la découverte de Graham Bell et il est le premier à imaginer «l’électrophone» (•), un microphone à grenaille qu’il présente en août 1879 : « Deux charbons de cornue cylindriques sont enfoncés dans un manchon de caoutchouc très souple. Le manchon serre les deux charbons qui s’y trouvent placés à ½ millimètres l’un de l’autre. Il se forme ainsi un petit espace clos que je remplis de poudre de coke ».

Il reste cependant modeste et ajoute que ce résultat remarquable, malgré au moins deux cents essais, ne le satisfait pas totalement. C’est Arthur Charles d’Argy qui réussira en 1882, après deux ans d’effort, à faire fonctionner ce microphone et c’est Charles Mildé qui, en le modifiant en 1884 pour le rendre encore plus fiable, bâtira une immense fortune grâce à lui, sans reconnaissance envers d’Argy ni Bourseul !

Charles Bourseul sera élevé au grade de chevalier de la Légion d’honneur le 13 juillet 1881. En 1882, au Congrès international d’électricité à Philadelphie, Graham Bell et Edison lui rendent hommage, saluant en lui le génie méconnu à qui on doit une des premières approches du concept de téléphone. En 1890, Charles Bourseul construira enfin son premier téléphone : un transmetteur mural qu’il équipera de récepteurs Aubry.

Le conseil municipal de Douai a décidé en 1914 de donner son nom à une artère importante de la cité où il avait passé une partie de sa jeunesse. Un lycée de cette ville, ainsi que plusieurs voies d’autres villes de France, portent également son nom.
Charles Bourseul termine sa carrière comme directeur départemental des Postes du Lot à Cahors. Il meurt à Saint–Céré où un monument perpétue sa mémoire.

Sources

C. Bourseul, Transmission électrique de la parole in L’Illustration, 26 août 1854
G. Babin, Le téléphone, invention française in L’Illustration, 21 novembre 1908
G. Maurel, R. Mignat, La vie et l’œuvre de Charles Bourseul, inventeur du téléphone in Bulletin de la Société des études du Lot, 1952, 3e fascicule
Monument de Charles Bourseul : souvenir de son inauguration in Bulletin de la Société des études du Lot, 1955, 3e fascicule
E. Brock, Un inventeur : Charles Bourseul in Revue des PTT de France, n° 1, janvier-février, 1957, p.37-40, photos (2)
R. Camboulives, Un Occitan d’adoption : Charles Bourseul, inventeur du téléphone, communication faite à l’Académie des sciences, inscriptions et Belles-lettres de Toulouse dans sa séance du 8 novembre 1978
C. Henning & D. Agisson, À travers cent rues, places et lieux-dits : Douai, La Voix du Nord,1997
F. Nibart, Trésors du Musée des arts et métiers, 2013, Angers