Ader Clément
Né à Muret, Haute-Garonne, le 2 avril 1841 dans une famille de menuisiers, Clément Agnès Ader devient rapidement un inventeur prolifique.
Clément Ader est né le 2 avril 1841 à Muret, Haute-Garonne. C’est un excellent élève à l’école, mais il développe également ses qualités manuelles auprès de son père menuisier et l’amour de la mécanique auprès de son grand-père qui exploite un moulin.
A 21 ans, il débute comme conducteur des Ponts et Chaussées et travaille sur la ligne de chemin de fer de Toulouse à Bayonne. Là, son génie inventif se manifeste pour la première fois en créant, en 1866, une machine pour le relevage des rails (•).
A l’Exposition universelle de Paris de 1867, il découvre le nouveau vélocipède de Michaux. Trouvant insupportable le bruit des roues en fer sur le sol, il a l’idée d’appliquer des bandes de caoutchouc sur la jante des roues de son vélocipède : le « Véloce caoutchouté Clément Ader » (•), breveté en 1868.
En 1868 également, il invente un curieux engin : le rail sans fin (•) ; c’est un petit train composé de trois voitures dont les éléments de voie, au fur et à mesure que le train avance, se posent devant lui et se relèvent derrière. C’est un peu l’ancêtre de l’autochenille et du tank. Il offre son invention au ministère de la Guerre qui lui répond qu’il n’y voit « aucune utilité pour le service militaire ».
Il donne sa démission en 1876 et monte à Paris pour tenter sa chance. Dès son arrivée dans la capitale, il s’intéresse tout de suite à l’électricité. Au début de l’année 1878, il s’intéresse au téléphone grâce à l’un de ses amis : « J’étais un ami de du Moncel. Un jour, il me montra un article d’une revue américaine où on parlait vaguement pour la première fois du téléphone. En même temps, il m’apportait un de ses livres, Exposé sur l’électricité, ouvert à la page 110 : transmission électrique de la parole ». Il commence à réaliser quelques expériences amusantes avec un simple clou en fer puis un bouton de porte en laiton (•) !
Il invente ensuite un système de correspondance vocale qu’il appelle « l’électrophone » puis un « récepteur électrophone parlant à haute voix ». En 1879, il réussit à mettre au point un «Téléphone récepteur à pôles magnétiques surexcités» (•). Celui-ci se révélera nettement supérieur à tous ses concurrents !
Il sympathise avec Frederic Gower et l’aide à améliorer son système de commutation en inventant un dispositif de signal d’appel pour le Bureau Central de la Compagnie du Téléphone Gower. Son récepteur remplace aussitôt les téléphones Trouvé qui équipaient jusqu’alors les transmetteurs Crossley installés sur les premiers réseaux de province de Frederic Gower.
Dès le début de l’année 1880, Clément Ader va travailler pendant plusieurs mois pour concevoir un nouveau microphone. Il commence par mettre au point un « microphone transmetteur » à un seul contact, ressemblant aux récents travaux de Locht-Labye. Il cherche ensuite à améliorer la sensibilité de son microphone en multipliant les contacts et en construisant des appareils de plus en plus compliqués.
Puis, revenant aux travaux fondamentaux de David Hughes et de Louis John Crossley, il construit enfin un extraordinaire microphone, extrêmement simple, uniquement composé de dix bâtons de charbon cylindriques et de trois traverses en charbon de section carrée ! Ce microphone (•) fonctionne de manière excellente, il présente également l’avantage d’être très simple à fabriquer, facile à installer et il ne nécessite par la suite aucun réglage, contrairement au modèle d’Edison.
Pour l’excellence de ses travaux, Clément Ader reçoit le prix de physique, assorti d’une somme de 3000 francs, attribué par l’Académie des sciences (35 000 euros) ; c’est une véritable fortune pour lui. Il continue ses travaux et met au point un transmetteur mural de forme pupitre assez classique, proche de celui d’Edison, et innove en proposant le premier transmetteur mobile qui puisse se poser sur un bureau (•). Un prototype est construit par la Maison Breguet.
La Société Générale des Téléphones, créée à la fin de l’année 1880, cherche rapidement à remplacer l’appareil à pupitre Edison-Phelps qui équipe les abonnés du réseau parisien. Celui-ci se dérègle très souvent et nécessite de fréquentes interventions chez les abonnés. Elle se tourne alors vers Clément Ader, choisit son récepteur à surexcitation pour remplacer celui de Phelps et son microphone à charbon pour le substituer à celui d’Edison. Clément Ader ne veut pas vendre ses brevets et n’en cède que les droits d’exploitation, sa fortune est faite ! Il propose en 1881, avec Antoine Breguet, un système de réseau théâtral téléphonique qui va être le clou de l’Exposition internationale d’électricité de Paris de 1881.
Grâce à ses travaux sur le téléphone (•), Clément Ader peut acheter un hôtel particulier à Paris où il installe un laboratoire personnel pour se consacrer pleinement à ses recherches.
A partir de 1882, il construit toute une gamme de transmetteurs pour réseaux urbains et, en 1884, plusieurs appareils destinés à l’usage domestique. En 1886, il propose un transmetteur spécial pour les lignes à grandes distances (•).
Il est désormais très riche et peut enfin orienter ses travaux pour réaliser son rêve d’enfant : voler comme les oiseaux ! C’est lui, en effet, qui fera les premiers pas de la prestigieuse histoire de l’aéronautique : le 9 octobre 1890, dans une clairière du château d’Arminvilliers près de Melun, Clément Ader, aux commandes d’une machine volante de sa conception, l’Éole (•), s’élèvera sur une cinquantaine de mètres à quelques centimètres du sol ; l’aviation était née ; c’est d’ailleurs lui qui créera le mot « avion » !
Malheureusement, le ministère de la Guerre ne comprit pas l’importance de son invention (•) et ne souhaita pas financer ses recherches ! Il ne reconnut son erreur que lors de la première guerre mondiale constatant, après coup, que l’aviation était encore trop rudimentaire en France !
Clément Ader décèdera près de Toulouse en 1925 à l’âge de 84 ans.
Sources
Peneff Jean, Une biographie d’inventeur, Clément Ader, In : Actes de la recherche en sciences sociales, Vol 108, juin 1995.
Nibart Frédéric, Trésors du Musée des arts et métiers, 2013, Angers