Carpentier Jules


Carpentier Jules

Jules Carpentier naît à Paris le 30 août 1851 d’une famille de modestes commerçants en tissu du boulevard Saint-Michel, et meurt le 26 juin 1921 à Joigny (89) dans un accident de voiture.

Il fait ses études au lycée Louis-le-Grand et entre en 1871, à 20 ans, à l’École polytechnique en même temps que son camarade de promotion, le futur Maréchal Foch. Nommé en 1873 Ingénieur des Manufactures de Tabac de l’État, il préfère presque aussitôt se consacrer à la mécanique et s’engage comme simple ouvrier ajusteur aux Ateliers de Paris de la Compagnie du chemin de fer Paris-Lyon-Méditerranée. Dix mois plus tard, il est nommé adjoint à l’ingénieur principal du matériel de cette Compagnie.

Jules Carpentier épouse en 1876 Lucie Violet, fille de l’entrepreneur qui construit l’ Opéra Garnier sous la direction de l’architecte Garnier. Un héritage lui permet d’acquérir l’hôtel particulier du 34, rue du Luxembourg (maintenant rue Guynemer) à Paris, tout près de ses ateliers du 20, rue Delambre.

En 1877 survient la mort du constructeur Heinrich Daniel Ruhmkorff. Jules Carpentier apprend par hasard que la succession du célèbre constructeur va être vendue aux enchères :

il se porte acquéreur en 1878, la succession ne lui est pas disputée et il obtient tout ce que Ruhmkorff laissait après lui. Jusqu’à sa mort, il en fait une entreprise florissante de matériel électrique et optique.

Jules Carpentier est élu membre libre de l’ Académie des sciences en 1907 et il est président d’honneur de la Société française de photographie de 1909 à 1911, succédant à Jules Violle dont il avait été l’élève au lycée Louis-le-Grand. Il est également président du Syndicat professionnel des industries électriques, de la Société internationale des électriciens, de l’ Association française pour l’avancement des sciences et de la Société des ingénieurs civils, ancêtre du Conseil national des ingénieurs et scientifiques de France. Il est élu au Bureau des longitudes en 1897. En 1907, il reçoit la croix de commandeur de la Légion d’honneur.

Sur les quatre enfants nés de son union avec Lucie Violet, il en perd deux coup sur coup en 1889 et 1891.

Jules Carpentier est le grand-père du producteur de télévision Gilbert Carpentier et de l’architecte français François Carpentier.
Jules Carpentier, chef d’industrie

Appliquant les déclarations faites en 1738 par l’abbé Nollet, un physicien expérimentateur, il renonce à faire exécuter un appareil complet par un seul ouvrier, en complétant les indications verbales au fur et à mesure de l’avancement du travail ; puis à faire copier ce prototype par d’autres ouvriers, en fonction des commandes. Il institue le travail en série, allié à la division du travail. Il recherche la standardisation et l’interchangeabilité des pièces. Il veut des réalisations exactes, faites selon des côtes précises ; des appareils solides, simples, polyvalents, sans ornements superflus. Il exige la même perfection pour ce qu’il ne fabrique pas, et le menuisier Bucket, de la rue des Plantes, doit veiller tout particulièrement au vernissage des coffrets qu’il fournit. Les boîtes les plus importantes sont fabriquées par l’ébéniste Boiteux, dont Jules Carpentier admire la finition impeccable.

Dès 1877, il crée des cours de formation appelés « la planche », où il perfectionne les ouvriers valables en leur enseignant les mathématiques et la physique.
galvanomètre et appareils de mesure électrique

Jules Carpentier continue la fabrication de Ruhmkorff et construit les modèles de Nobili, Weber, Kelvin, Pouillet et, surtout, plusieurs centaines d’appareils de Deprez et d’Arsonval. Il brevette plusieurs appareils avec Deprez (savant originaire de la région de Montargis), se consacrant surtout au transport de l’électricité à grande distance.

Jules Carpentier met au point toute une série d’instruments dérivés du galvanomètre, pour la mesure et l’enregistrement des intensités, des potentiels des tensions électriques et d’autres grandeurs en dérivant.

On peut rencontrer dans les ateliers : Blondel, Broca, Callendar, Le Chatelier, Pellat, Mascart. Abraham, collaborateur du Général Ferrié, y met au point les voltmètres Abraham-Villard et Abraham-Carpentier, l’ohmmètre Ferrié-Carpentier, le fréquencemètre Ferrié-Carpentier, l’ondemètre Ferrié, l’hystérésygraphe Abraham-Carpentier, le galvanomètre Broca.

Reprenant en 1881 le principe de la boussole de Maxwell, Jules Carpentier l’applique à la mesure des résistances. Vers 1911, son gendre, Louis Joly, en tire le logomètre, appareil utilisé dans des applications du domaine des températures et à celui des instruments de bord de l’aviation.

De 1917 à 1920, les ateliers améliorent considérablement les oscillographes Blondel, fabriqués depuis 1893 (le réographe d’Abraham en est l’ancêtre). Citons encore les appareils magnétiques Mascard, le perméamètre Ricou, l’électrodynamomètre Pellat, le pyromètre Le Chantelier, le premier tube électronique et dès 1912, quelques-uns des premiers postes de TSF et le célèbre cohéreur de Branly.

Jules Carpentier apporte également sa contribution à la définition des étalons nécessaires à toutes les mesures électriques.
le télégraphe

Le télégraphe électrique est inventé par Morse en 1843. Le système dû au Français Emile Baudot, ingénieur des P.T.T., remonte à 1879. Il est mis au point dans les Ateliers Ruhmkorff. Des milliers de transmetteurs et récepteurs sortis de la rue Delambre équipent les réseaux français et étrangers. Le principe, qui est resté, est à l’origine des télétypes et des télex, fonctionnant sur ce code à cinq signaux.
appareils de musique

Jean, fils de Jules Carpentier, est marié à une demoiselle Lyon (Pleyel). Jules et son fils Jean s’intéressent à la musique. Ils réalisent le mélographe, instrument s’adaptant facilement au clavier des pianos et des orgues, transformant le contact des touches en contacts électriques enregistrés à l’encre sur une bande de papier. Un perforateur transforme ensuite les traits en trous. Le mélotrope véritable, petit servo-moteur à frottement, agit sur les touches, restituant le morceau enregistré.

A la demande du directeur de l’Opéra, Jules Carpentier réalise un batteur de mesures.
instruments d’optique : photo et cinéma

Dès 1855, Jules Carpentier étudie le procédé de photographie en couleurs, mis au point par Charles Cros en 1869. La classification établie sert à la Manufacture des Gobelins.

En 1890, Jules Carpentier fabrique une chambre photographique à miroir, la « photo jumelle à répétition », à douze plaques, portative, de petites dimensions, permettant d’opérer à hauteur de l’œil. En conséquence, il crée des amplificateurs ou agrandisseurs à mise au point automatique. Il invente un appareil à mesurer les caractéristiques des objectifs : le focograde. Il fabrique des objectifs, façonnant les verres et sertissant les lentilles.

Le 13 février 1895, Lumière dépose le célèbre brevet numéro 245.032 du cinématographe, inspiré du kinétoscope d’Edison. La première démonstration a lieu à la Société d’Encouragement à l’Industrie au 44, rue de Rennes, le 2 mars 1895. Le même mois, Louis Lumière demande à Jules Carpentier de réaliser la construction industrielle des premiers appareils de cinéma. Huit jours après, Jules Carpentier prend lui-même un brevet « d’un mécanisme intermittent de bandes pelliculaires engrenées avec des roues dentées ».

Le 10 mars, Jules Carpentier déposa un brevet d’un « mécanisme avec la croix de Malte à cinq branches ». A la fin du même mois, il inventa le phototrope « appareil pour photographier des scènes animées avec bandes pelliculaires ».

En 1909, Jules Carpentier sort le cinématrolabe, caméra de 35 millimètres.
industrie de guerre (1914-1918) – périscopes et obus

En 1900, le Service des Constructions Navales fait appel à Jules Carpentier pour doter d’un « tube de vision » le sous-marin Le Morse, en voie d’achèvement à Cherbourg. Il découvre une solution nouvelle permettant à un sous-marin en plongée de ne plus être aveugle grâce au « périscope ».

De 1900 à 1906, quatre-vingts périscopes sont fabriqués. Intensifiée durant la guerre 1914-1918, la production atteint à peu près deux cents tubes. Elle se complète par celle des petits périscopes de tranchées.

Jules Carpentier fabrique aussi des fusées d’obus de 75 et des fusées d’obus pour la Russie.

Sources :

  • Wikipédia
  • Revue n°19 de la Société historique et archéologique du 14e arrondissement de Paris