C’est un officier anglais, M. O’Schaughessy, qui fait en Inde les premiers essais de télégraphie sous-marine. Au moyen d’un conducteur immergé, il cherche à réunir les deux rives de l’Hoogly, l’un des affluents du Gange.
Le conducteur, un très gros fil de cuivre enveloppé de caoutchouc, donne quelques résultats favorables. Il en est de même d’un conducteur semblable que Samuel Morse immerge dans l’Hudson, pour faire communiquer entre elles les deux rives du port de New-York. Mais à cette époque, on n’est pas encore parvenu à préparer convenablement le caoutchouc et cette substance ne peut guère résister à l’action acide de l’eau de mer. La rapide destruction de leur enveloppe isolante met donc promptement hors de service les deux lignes que l’on a essayé d’établir.
Au milieu du XIXème siècle, l’objectif est de relier la Grande-Bretagne au vieux continent par télégraphie électrique. Pour cela, une compagnie est formée : l’English Channel Submarine Telegraph Company. C’est Jacob Brett, ingénieur britannique, qui pose le premier câble. L’opération, achevée le 28 août 1850, parait avoir été couronnée de succès. Un certain nombre de dépêches passent, mais après quelques heures de fonctionnement, le câble se rompt. Insuffisamment protégé, il a été remonté par un pêcheur croyant avoir trouvé une algue au cœur rempli d’or.
Le Suc de l’Isonandra percha, arbre présent à Java, Bornéo et Sumatra, analogue au caoutchouc est, à cette même période, importé en Europe sous forme de poires ou de gourdes. Il vient fournir aux ingénieurs télégraphistes une matière isolante, résistant à la plupart des agents chimiques, notamment à l’eau de mer. Il est aussi facile à manipuler qu’une pâte molle quand sa température est élevée, tout en se durcissant lorsqu’elle baisse. L’allemand W. Siemens met alors au point une isolation des câbles sous-marins par de la gutta-percha.
Un nouveau câble, doté cette fois d’une protection suffisante, est posé à l’automne 1851 entre Douvres (Angleterre) et le cap Gris-Nez à Calais (France). Fabriqué par MM Newall et Kuper, il est composé de quatre fils de cuivre noyés dans la gutta-percha formant l’enveloppe isolante. Ces conducteurs sont entrelacés avec quatre cordes de chanvre goudronné et les intervalles sont remplies de suif et de goudron; le faisceau ainsi formé est enveloppé à son tour dans un étui de cordes de chanvre. Pour lui donner une très grande solidité, 10 fils de fer de fort diamètre s’enroulent autour de cet ensemble. Le diamètre total du câble est de 33 millimètres.
Les premiers câbles sont de longueur modeste. Pour les poser, on utilise des navires traditionnels sommairement aménagés : le premier câble est posé par un simple remorqueur, le Goliath, dans des conditions techniques précaires. Contrariée par de faux calculs et le mauvais temps, l’opération de la pose de ce câble long de 45 kilomètres n’est complètement achevée que le 27 décembre 1851. L’installation du câble permet l’ouverture d’une ligne télégraphique entre Paris et Londres.
Cette liaison est la première liaison télégraphique par un câble sous-marin entre deux pays. Les Anglais, financiers et maîtres d’œuvre du dispositif, en assurent l’exploitation. Peu après, les tentatives de pose de câbles par grands fonds débutent. Il faut encore attendre une quinzaine d’années, en 1866, pour que le premier câble transatlantique relie l’Europe au continent américain.
A propos
Objet venant après : câble sous-marin transatlantique
Date de création : 1851
Largeur : 5.6 cm
Hauteur : 4.6 cm
Longueur : 8.2 cm
Bibliographie
Bertho Catherine, Télégraphes et téléphones de Valmy au microprocesseur, Libraire Générale Française, 1981, (Le livre de poche), 538p.
Carré Patrice A, Du tam-tam au satellite, Presses Pocket,1991, (Explora), 127p.
Laurencin P, Le télégraphe, J Rothschild Editeur, 1877, p 312 à 315.
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Contexte scientifique : les années 1850 – 1855