Les années 1810 – 1815


Quelques inventions et découvertes marquantes des années 1810-1815…

La bougie

Les travaux du chimiste français Michel-Eugène Chevreul au cours de ces années conduisent à remplacer les chandelles par des bougies. Surtout connu pour ses recherches sur les matières grasses animales, Chevreul isole en 1813 l’acide margarique ; on pense alors que c’est l’un des trois acides gras qui entrent dans la composition de la plupart des matières grasses animales (les deux autres étant l’acide oléique et l’acide stéarique). On découvre plus tard que l’acide margarique n’est en fait qu’une composition d’acide stéarique et d’acide palmitique, inconnu auparavant. En démontrant que les corps gras sont formés d’une combinaison entre le glycérol et les acides gras et en isolant les acides stéariques et oléiques, Chevreul ouvre la voie à l’apparition de la bougie stéarique, qui se consume mieux que les chandelles et produit plus de lumière, moins de fumée et pratiquement plus d’odeurs incommodantes. En 1825, la bougie stéarique remplace définitivement la chandelle de suif.

Le sucre à partir de la betterave

Franz Karl Achard produit en 1798 le premier sucre de betterave. La première usine est créée en Silésie avec le soutien financier de Frédéric-Guillaume III, mais ce n’est pas un franc succès. Achard a réussi l’essentiel de l’extraction, mais il a considéré que la teneur en sucre de la betterave augmentait avec le temps de stockage, alors que c’est le contraire : la qualité du produit n’est pas bonne et la rentabilité très insuffisante.

En 1806, Napoléon promulgue le décret connu sous le nom de “ blocus continental ” : après sa victoire à Trafalgar, l’Angleterre détient la maîtrise des mers et du commerce mondial. Cette domination maritime empêche les marchandises françaises de sortir et d’entrer dans les ports. Le sucre des Antilles commence à faire cruellement défaut.

Le blocus napoléonien a pour objectif d’empêcher l’entrée de toute marchandise anglaise sur le continent, de ruiner l’Angleterre et d’assurer à la France la place de première puissance économique européenne… Le blocus est un échec pour la France, mais une aubaine pour la betterave, qui apparait comme un moyen de remplacer la canne à sucre.

Convaincu de l’intérêt de la betterave dans la production du sucre, Napoléon incite les agriculteurs à pratiquer cette culture et les industriels à améliorer les procédés en leur octroyant des aides financières ou des régimes fiscaux privilégiés. Dès lors, la France se mobilise pour extraire du sucre à partir de la betterave. Les mesures impériales font vite effet.

En 1812, Benjamin Delessert présente à l’Empereur des pains de sucre parfaitement réussis. Il est le premier à réussir l’extraction en grande quantité. Napoléon s’enthousiasme, le décore, délivre 500 licences de fabrication et ordonne la plantation de plusieurs milliers d’hectares de betterave sucrière. Les usines se multiplient et les avancées techniques entraînent une baisse rapide du prix de revient.

La presse typographique à vapeur et la presse à imprimer cylindrique, ancêtre de la rotative

Friedrich Koenig, né à Eisleben le 17 avril 1774, devient imprimeur pour mettre au point son invention : une presse qui réaliserait mécaniquement toutes les opérations effectuées jusque-là manuellement : encrage, marge de la feuille, impression, éjection de la feuille. Il ne trouve pas les capitaux sur le continent européen, il va donc les chercher en Angleterre : les fonds dont il a besoin lui sont fournis par le journal The Times. Associé à son élève F.-A. Bauer, il ouvre en 1809 son atelier de construction à Londres.

La presse de Koenig n’a plus de platine traditionnelle, mais des cylindres. Le cylindre, en « roulant » sur l’ensemble forme-papier, exerce une pression plus forte que la platine, qui exerce sa pression sur l’ensemble de la surface. La feuille, guidée par des courroies, effectue un trajet entre les cylindres et se trouve imprimée par la forme, qui effectue un mouvement de va-et-vient en passant sous le cylindre, dont l’axe est fixe.

En 1814, la presse réalisée par Koenig pour le Times est la première actionnée à la vapeur. Elle ouvre l’imprimerie à l’ère industrielle. Par la suite, les presses à cylindre sont actionnées par des moteurs électriques.

Les premières presses à cylindres sont dites machines en blanc, car elles n’impriment qu’un côté de la feuille. Par la suite, les presses permettent d’imprimer successivement les deux côtés, ce sont les presses à retiration.

Mais aussi…

  • les premiers produits en caoutchouc (par l’Autrichien Johann Nepomuk Reithoffer)
  • la machine à filer le lin (par le Français Philippe de Girard)